vendredi 4 décembre 2015

Brève sur l'édition de génomes 2 : quelques faits rapides

[caption id="attachment_3052" align="aligncenter" width="204"]cliquez sur l'image pour lire (et une critique de cette BD ici) cliquez sur l'image pour lire (et une critique de cette BD ici)[/caption]

Un deuxième billet rapide après "Tout se qui est possible sera-t-il fait ?", basé sur un article dans Nature que je viens de voir qui fait un tour succint de la question :

Genome editing: 7 facts about a revolutionary technology. What everyone should know about cut-and-paste genetics. Nature News

1. Jusqu'ici, une seule étude de l'édition de génome humain dans des cellules germinales (permettant potentiellement de développer un embryon) a été publiée dans un article scientifique :

Liang et al 2015 CRISPR/Cas9-mediated gene editing in human tripronuclear zygotes Protein & Cell 6: 363-372

Dans cet article, les embryons n'étaient pas viables, mais on a envie de dire "pas encore".

2. Les législations sur la question sont très différentes selon les pays. Notamment Nature dit qu'ils n'y a que "des réglèments inapplicables" en Chine, Japon, Irelande et Inde ; et que de nombreux scientifiques demandent une législation internationale. Sur laquelle j'ai personnellement des doutes, alors qu'il y a encore des pays qui ne reconnaissent pas le copyright (voir Convention de Berne).

3. Avec CRISPR/Cas9, il est facile de modifier des génomes, et les "biohackers" plus ou moins amateurs s'y intéressent (article dans Nature d'août). Contrairement aux techniques précédentes de génétique moléculaire, et c'est ce qui fait une partie de son potentiel révolutionaire, cette technique n'est pas réservée à quelques laboratoires très équipés avec du personnel très bien formé.

Mise à jour : vu dans cette excellente interview de Doudna et Charpentier (voir point 7), la companie Addgene vend des kits de CRISPR/Cas9.

4. D'autres enzymes que Cas9 sont en train d'être découvertes, ce qui va encore faciliter les choses (techniquement) ou les compliquer (pour réguler).

5. Les expériences les plus avancées ont lieu chez des cochons : super-musclés, mini, ou sur-édités. Pourquoi les cochons ? Notamment dans l'espoir de construire des donneurs d'organes animaux humain-compatibles. En attendant, ils pensent vendre les mini cochons comme animaux domestiques.

6. Les grosses multinationales et les millardaires s'y intéressent : la Gates Foundation, Google ou DuPont investissent dans CRISPR/Cas9.

7. Il y a une guerre de brevets entre Jennifer Doudna (University of California, Berkeley) et Emmanuelle Charpentier (Max Planck Institute) d'un coté, généralement créditées de l'invention du système, et Feng Zhang de MIT & Harvard de l'autre, qui a fait marcher le système dans des cellules humaines.

Et puis un 8ème point qui n'était pas encore connu quand l'article de Nature a été publié : la conférence sur l'édition de génomes a conclu que "Gene-editing technology should not be used to modify human embryos that are intended for use in establishing a pregnancy" (Nature news) : l'édition de génomes ne devrait pas être utilisée pour modifier des embryons humains prévus pour être utilisés pour une grossesse. Mais des cellules humaines chez une personne (thérapie génique), oui, et des embryons humains à fins non reproductives apparemment oui aussi.

4 commentaires:

  1. Vous voyez bien, avec cet 8eme point que il sera difficile d'interdire. "N'ayez pas peur"

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  2. On voit que ça tourne malignement autour du pot.

    J'aime bien la bd courte Xkcd qui compare la complexité du code ADN avec celle du code obscurcie qu'on trouve dans les pages Web.
    Mais l'ADN réserve encore de bien plus belles difficultés, entre autre qu'il n'a pas été réalisé par une intention savante.

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  3. très intéressant ... cette technologie ne va elle pas permettre d'accélérer drastiquement la compréhension des "fonctions" des gènes ? Peut on imaginer par exemple automatiser cette édition de génome au point de pouvoir étudier facilement l'impact de chaque gène, voire de chaque combinaison ? (dans des limites combinatoires acceptables évidemment... )

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  4. Si c'est tout-à-fait imaginable et imaginé. Déjà avec les anciennes techniques presque tous les gènes de levure (6000 gènes ; voir http://pellentz.locta.fr/?p=279) ont été édités grossièrement (interuption par transposon) pour mieux les comprendre.

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