vendredi 22 février 2013

Amusons-nous avec l'évolution humaine et la pilule

[caption id="attachment_817" align="aligncenter" width="144"]time Cliquez sur l'image, c'est pas le plus drole mais c'est très pertinent[/caption]

Il y a quelques temps j'avais parlé d'articles sérieux sur l'évolution humaine présente, à savoir que nous sommes bien sur encore soumis à la sélection naturelle (voir aussi cet article en anglais dans Wired). (Voir aussi Deviendrons-nous débiles et La suite par Tom Roud.)

Pour s'amuser un peu, je propose de réfléchir à quelles autres pressions sélectives peuvent affecter les humains modernes, dans le contexte de la contraception hormonale.

D'abord il faut préciser un point important : la sélection naturelle, pour fonctionner, n'a pas besoin d'être aussi dramatique qu'on l'imagine souvent. Un avantage de 1% (donc 1,01 fois plus de chances d'avoir des descendants qui survivent et ont des descendants) est considéré énorme et généralement peu vraisemblable en contexte naturel. La plupart du temps quand on peut calculer un avantage sélectif on est dans le 1,001 fois plus de chances de reproduction et de survie, voire beaucoup moins. Et plus la population est grande, plus un avantage petit reste significatif. On ne peut pas dire que la population humaine diminue depuis quelques millénaires.

Alors d'abord la pilule marche pas de manière égale chez toutes les femmes. S'il y a un composant génétique à ce que la pilule marche mal chez certaines femmes, ces femmes auront un peu plus d'enfants en moyenne, et les gènes de "résistance" à la pilule vont se propager. Donc ma première prédiction est que la pilule sera de moins en moins efficace en moyenne au bout de quelques centaines de générations d'usage (on se revoit pour en parler, OK ?). Un genre d'analogue à la résistance aux antibiotiques...

Ensuite, une conséquence évidente de la contraception c'est qu'on peut choisir si on a un autre enfant après en avoir eu un premier. Or il y a des bébés et des enfants faciles, qui dorment tout de suite beaucoup, sont calmes, mangent ce qu'on leur donne, etc. Et y a les petits monstres qui ne dorment pas et dont il faut s'occuper tout le temps. Je ne serais pas très surpris si les parents d'enfants faciles avaient un petit plus tendance à avoir un deuxième, voire un troisième, enfant, et si les parents d'enfants difficiles avaient un petit plus tendance à s'arréter là parce que ça va bien. Donc ma deuxième prédiction : des enfants de plus en plus faciles, surtout en tant que bébés. On se réjouit de voir ça.

D'autres idées ?

13 commentaires:

  1. C'est possible qu'une prédisposition génétique diminue l'efficacité de la pilule?
    A part ça, il ne faut pas oublier les possibles avortements. disons alors quelques milliers de générations ;)
    je ne suis pas non plus sûr que la difficulté avec un bébé change quoique ce soit à l'envie d'avoir un autre bébé. j'ai en tout cas beaucoup d'exemples autour de moi qui semblent aller à l'encontre de cette idée. ça devrait en tout cas pouvoir se mesurer! le nombre d'enfants semble plutôt être en lien direct avec le niveau social.

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  2. La sélection par la qualité du sperme ? Peut-être que dans 100 générations, les ovules de femmes hyper résistantes seront fécondés par des mégaspermatozoides? Je n'ose évoquer la disparition des roux.

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  3. Alors j'avoue que ceci n'est pas mon billet le plus recherché, mais on peut imaginer plusieurs manières dont la pilule peut être in fine moins efficace. Par exemple il existe des interactions avec d'autres médicaments. Il peut aussi y avoir des interactions avec des molécules naturellement dans l'organisme, mais à des taux variables selon les personnes. Il peut y avoir des problèmes d'absorbtion intestinale de la pilule, qui même lorsqu'ils sont trop faibles pour créer des effets secondaires peuvent diminuer l'efficacité. Des femmes pour qui la pilule provoque davantage d'effets secondaires peuvent l'oublier plus volontiers.
    Je rappelle que je parle d'effets potentiellent faibles mais significatifs, de l'ordre du pour dix mille.

    Je ne comprends le rapport avec l'avortement par contre ?

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  4. Je ne comprends pas, quelle serait la sélection pour que les ovules résistent aux spermatozoides ?

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  5. les femmes qui prennent la pilule en générale ne veulent pas d'enfants. dans l'hypothèse où pour des raisons génétiques, certaines tombent enceintes, pour que l'évolution entre en marche, encore faut-il qu'elles n'avortent pas. on peut penser que ce sera pour la plupart le cas. diminuant encore plus l'éventuel avantage sélectif, non?

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  6. Je pense qu'on pourrait prendre en compte un autre facteur : l'eau courante.

    Je m'explique : des résidus de pilule sont contenus dans les urines des femmes qui utilisent ce moyen de contraception. On sait aujourd'hui que ces résidus ne sont pas forcement bien éliminés avec les techniques actuelles présentes dans nos stations d'épuration. (tout comme ceux des médicaments, ce n'est pas ciblé que sur la pilule...)
    Ainsi on peut penser que la population d'une ville (ou d'un pays si on veut voir plus grand) dont les femmes utilisent massivement la pilule comme moyen de contraception et dont les habitants boivent essentiellement l'eau du robinet aura une évolution différente par rapport à une population qui ne boit pas l'eau du robinet ou n'utilise pas la pilule et boit l'eau courante. Et quid de l'effet sur les hommes ? :)
    Je me suis toujours poser la question, si tu as une réponse je suis preneur.

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  7. [...] Il y a quelques temps j’avais parlé d’articles sérieux sur l’évolution humaine présente, à savoir que nous sommes bien sur encore soumis à la sélection naturelle (voir aussi cet article en anglais dans Wired).  [...]

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  8. Je comprend bien l'exercice de pensée proposé ici mais je suis dubitatif, car pour qu'une pression sélective même relativement importante, puisse réellement avoir un impact significatif sur le long moyen terme, encore faut-il que la dite pression sélective se maintienne. Par exemple les pressions sélectives imaginées ici via l'usage de contraceptif ne peut être efficace que si pareil usage se maintient durant un nombre conséquent de générations. À ce titre des évolution sociales et culturelles, comme par exemple un rejet massif de l'usage de pilule pour des raisons religieuses, de craintes sanitaires (comme il y en a en ce moment) ou autre, rendrons l'impact de l'usage de pilule négligeable en terme de pression sélective. Cela marche également avec les enfants calmes et turbulents soit-dit en passant. Bref je ne pense pas que l'on puisse prévoir quoique ce soit qu'en à l'évolution future de l'humanité même si je trouve les présent exercices de pensées intéressants! ;-)

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  9. Ah OK, mais dans l'état d'esprit très spéculatif de ce billet, diminuer par 2 ou même 4 les grossesses non voulues ne change pas l'argument de base. ;-)

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  10. Dans l'optique de ce billet, je dirais que ça pourrait sélectionner pour la "résistance" à la pilule chez hommes et femmes. En pratique, ça semble surtout diminuer la fertilité masculine, alors ça ça pourrait juste renforcer l'avantage aux hommes avec une fertilité plus haute du départ.

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  11. Tu as tout-à-fait raison... mais je trouve l'exercice amusant.

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  12. Je crois que c'est une idée que j'ai entendu chez ton pote Gouyon (plus très sûr), mais on pourrait avoir un homme qui évolue un goût pour avoir des enfants, plutôt qu'un goût pour le sexe. Puisqu'aujourd'hui des relations sexuelles ne suffisent plus pour avoir un enfant, on pourrait avoir une disparition de l'orgasme et l'apparition de préférences psychologiques fortes pour vouloir des enfants.

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