jeudi 11 juillet 2013

C'est parti pour gacher de l'argent sur la réplication des expériences de #Seralini sur les #OGM

[caption id="attachment_1184" align="aligncenter" width="126"]Cliquez sur l'image Cliquez sur l'image[/caption]

Et voilà ! Comme prévu, on va détourner de l'argent public de la recherche utile pour répliquer à grands frais l'étude bidon de Séralini et al. L'Union Européenne Framework Program, qui finance essentiellement de la recherche appliquée en réseau entre pays européens (et apparentés), vient de publier un appel d'offres de 3 millions d'euros pour

"Two-year carcinogenicity rat feeding study with maize NK603".

Notez comme c'est précis. Il ne s'agit pas d'étudier de manière générale l'impact de nouveaux produits alimentaires sur le long terme, ni de constuire de nouveaux protocoles de vérification des OGM, mais de reproduire l'étude précédente, on espère avec des contrôles adéquats et la publication des données.

Et qu'est-ce qui va se passer ?

Très probablement, on ne trouvera pas d'effet. Il n'y a aucune hypothèse mécaniste proposée pour qu'il y en ai un, et rien de semblable aux résultats de Séralini et al n'a été observé par ailleurs. Si c'est le cas (pas d'effet), les anti-OGM critiqueront l'étude comme biaisée, trouveront des liens entre les chercheurs et le concierge du frère d'un gars qui a vendu des pizza à Monsanto, et continueront leur chemin insouciant des faits et des données. En plus c'est financé par l'Union Européenne. S'il y a un point où les extrémistes de tout poil peuvent se retrouver, c'est que cette union est au coeur de tous les complots.

Vous croyez que j'exagère ? Kevin M. Folta, dont j'ai déjà parlé, a proposé de répliquer une étude bizarre sur les OGM à ses frais, à condition que les anti-OGM participent à la mise en place du plan expérimental et à sa réplication, pour que les résultats soient sans équivoque. Ils ont refusé. Comme Folta le relève, ils demandent des réplications indépendentes, mais c'est pure hypocrisie. Par "indépendent" ils entendent "par des militants anti-OGM sans supervision extérieure". Comme le CRIIGEN de Séralini et Gouyon.

Et si l'étude trouve un effet ? Il faudra bien sur reconsidérer les autorisations concernant ce maïs OGM particulier, et poursuivre les études pour comprendre à quoi ces effets sont dus, comment les éviter à l'avenir, s'ils concernent aussi le bétail ou les humains, etc. Mais ça ne nous dira rien sur les effets éventuels d'autres OGM qui n'ont pas le gène de résistance au Roundup ni sur l'herbicide Roundup. En fait, si l'effet vient du Roundup ça ne nous dira rien sur aucun OGM. (Le Roundup c'est du Glyphosate qui n'est plus sous brevet et est utilisé par plein de paysans et de jardiniers en dehors des cultures OGM.)

Donc au final ces 3 millions d'euros n'éclaireront pas le débat sur les OGM, quelque soit le résultat. Mais de la clarté, qui en veut ?

Quatrième billet de ma semaine OGM. Tous les billets avec le tag OGM.

5 commentaires:

  1. Bonjour,

    Il me semble néanmoins qu'il s'agit d'une démarche scientifique légitime. Même si le protocole de Séralini était clairement peu fiable et ses interprétations fantaisistes, l'idée de tester ce maïs OGM sur des rats pendant 2 ans pourrait quand même générer des résultats intéressants. Bon, je reconnais que je n'ai pas lu l'appel d'offre, ni l'énoncé du projet. Mais, je pense que la vérification de toute étude, même mauvaise, vaut la peine. Cependant, je peux comprendre l'énervement de certains face à cette dépense de plusieurs millions, alors qu'il y a déjà tant de projets de recherche autrement plus prometteurs en souffrance! Je dirais qu'il s'agit alors là plutôt d'une question politique du choix des financements publics de la recherche.

    Ensuite d'une certaine manière, on sait très bien que la majorité des anti-OGM s'oppose à cette technologie pas parce qu'ils auraient les preuves qu'elle présente un quelconque danger pour la santé humaine et pour l'environnement, mais simplement parce qu'elle ne rentre pas dans leur philosophie de vie, soit par principe. De fait, ils n'accepteront aucun résultat scientifique qui ne contribue pas à justifier et à répandre cette vision du monde et de la nature dans le grand public. Mais finalement, qu'est-ce qui est plus important? Les jérémiades de ces organisations écolos ou la poursuite de la connaissance scientifique? Et naturellement, il faut vraiment que les scientifiques qui auront mené cette nouvelle étude soient soutenus par les citoyens et que leurs travaux soient diffusés largement, quel que soit le résultat, accompagnés d'une réelle pédagogie sur le fonctionnement de la science en tant que méthode.

    RépondreSupprimer
  2. [...] Et voilà ! Comme prévu, on va détourner de l’argent public de la recherche utile pour répliquer à grands frais l’étude bidon de Séralini et al.  [...]

    RépondreSupprimer
  3. Etant anti-concombre, je réunis des fonds de mes sponsors anti-concombres afin de mener une grande étude "prouvant" que les concombres provoquent la maladie d'alzheimer sur les rats.

    Je publie mon étude affirmative, mais la quasi totalité des scientifiques qui relisent mon étude disent qu'elle ne vaut rien, ni dans son protocole, ni dans sa conclusion. En plus, les scientifiques affirment qu'il n'y a aucun mécanisme connus qui permettrait de penser que les concombres pourraient provoquer la maladie d'alzheimer. Mais, je réponds que ces scientifiques sont irresponsables, corrompus ou incompétents.

    Doit-on utiliser des fonds publics pour répliquer mon étude sur l'impact du concombre sur la maladie d'alzheimer chez le rat ?

    Pendant que vous répliquerez ma première étude, j'en ferais une autre, "prouvant" que les concombres provoquent des cancers chez les lapins.

    Qu'il faudra répliquer aussi, pour faire avancer la science ?

    Bon, je dis ça, mais ça ne m'empêche pas, à titre personnel, d'être favorable à la réplication de l'expérience Séralini, même si ça va nous coûter des sous inutiles sur un plan scientifique, mais utiles sur un plan médiatique. Pour rassurer les gens sincèrement inquiets.

    RépondreSupprimer
  4. Vous aurez aussi noté que l'INRA – faute de réponse de la part des ministres Le Foll et Martin et, il faut le reconnaître aussi, faute d'avoir emmanché son affaire correctement et avec conviction – vient de détruire ses peupliers GM... le seul essai d'OGM qui restait en France.

    Et le service de la recherche du Commissariat général au développement durable (CGDD) du ministère de l'Ecologie a lancé un appel à la constitution d'un consortium dans le cadre du programme de recherche Risk'OGM, programme national de recherche sur les risques environnementaux et sanitaires liés aux OGM :

    http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/APR__Risk_OGM_rel_pbch_pbj_rs2.pdf

    Et, en ces temps de disette budgétaire, on est prêt à y mettre 2,5 millions d'euros.

    Justification :

    « En novembre 2012, suite à la publication d’une étude sur de potentiels effets sanitaires du maïs NK603 et de l’herbicide Roundup®, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) et le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) ont été saisis pour avis. L’ANSES a noté la nécessité d’études scientifiques complémentaires pour mieux documenter les potentiels effets à long terme des OGM. »

    D'un côté on détruit les outils de recherche susceptibles de contribuer au redressement productif de la France (Hé ! Ho ! Montebourg !) ; de l'autre on gaspille 2,5 millions d'euros pour dupliquer la manipulation séralinienne et celle que l'Union européenne s'apprête à lancer, dans l'espoir de retarder encore davantage le redressement productif de la France (bis).

    RépondreSupprimer
  5. […] si bien Marc Robinson Rechavi, un chercheur de l’Université de Lausanne, ce sont plutôt plusieurs millions d’Euros d’argent public qui vont être gaspillés pour pas grand-chos….  Bref, tout faire pour se convaincre que l’on a bien fait de suivre le soldat Séralini […]

    RépondreSupprimer