vendredi 21 octobre 2011

test de l'oignon

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Intuitivement, on s'attends à ce que les organismes plus complexes aient besoin d'un génome plus complexe pour coder tout ça. Pas du tout, il n'y a aucun rapport évident entre complexité de l'organisme et taille du génome. Cela s'appelle le "paradoxe C". (Parce qu'au temps où on savait peu de choses sur l'ADN, on avait remarqué que tous les individus d'une espèce en avaient autant ; oh une constante dirent les biologistes envieux des physiciens, appellons-la "C" ; ergo C = quantité d'ADN par cellule dans une espèce, et on s'en fout ; pourquoi ? on y vient.)

Solution au paradoxe C : c'est pas tout des gènes, loin de là. Donc les organismes plus complexes ont plus de gènes, peu importante l'ADN pourvu qu'on ait les protéines. Alors et de une, ça ne marche pas non plus. Vers nématode, 1000 cellules à tout casser, 20 000 gènes. Humain, capable d'inventer des bombes atomiques, 20 000 gènes (vous me direz, il a des transcrits alternatifs ; allez lire Sandwalk et laissez-moi tranquille). Argl gosh. Et de deux, ça laisse un autre problème vexant : à quoi sert tout cet ADN qui n'est pas des gènes ?

Alors il y a deux écoles en gros :
  1. Ceux qui disent que ça doit forcément servir à quelque chose, mais on ne sait pas encore à quoi. Ils poussent des cris de victoire chaque fois qu'un article découvre une nouvelle fonction pour 0,1% du génome humain. Curieusement, ils se recrutent dans deux camps : les né0-Darwinistes orthodoxes, pour qui toute l'évolution s'explique forcément par la sélection naturelle, donc tout doit servir à quelque chose. Et les créationistes, pour qui tout a été crée par le Père Noël pour une raison, et donc doit servir à quelque chose. (Pas si curieusement que ça au fond : le Darwinisme est une réponse à la théologie naturelle, les deux répondent à la question de l'adaptation fonctionnelle des organismes, et s'opposent aux approches dites structuralistes, qui répondent à la question de la forme des organismes, y compris ce qui ne sert à rien.) (trop de parenthèses aujourd'hui, vous ne trouvez pas ?) (trop de parenthèse tue la parenthèse.
  2. Et ceux qui disent que non c'est de la merde ("junk" en jargon technique), ça ne sert à rien. Plutôt des neutralistes, à savoir des gens qui pensent que la plus grande partie de l'évolution moléculaire est due au hasard.
Et c'est là que viennent les onions oignons. T. Ryan Gregory, qui étudie les variations de taille des génomes, a proposé le test de l'oignon pour tous ceux qui déclarent avoir trouvé l'explication ultime pourquoi tout cet ADN sert à quelque chose (quelle phrase moche mais j'ai la flemme de chercher mieux). Le test c'est que votre explication doit expliquer deux choses simples : pourquoi l'oignon que l'on mange, Allium cepa, a 17 pg d'ADN alors que nous les humains n'en avons que 3,5 pg. Et pourquoi des espèces d'oignonoïdes qui se ressemblent et vivent heureusement à l'état de nature ont entre 7 et 31,5 pg d'ADN. S'il y a des biologistes moléculaires qui me lisent, tous les détails techniques du défi sur le blog de Gregory.


Vous aurez deviné que je me classe dans les neutralistes bien sûr. Comme tous les gens beaux, drôles et intelligents. Voir aussi cette excellente collection d'essais sur le blog Sandwalk (par un prof de biochimie canadien).

4 commentaires:

  1. Euh, Marc, je voudrais pas casser l'ambiance, mais en français, on écrit oignon...

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  2. Ah merde. Je corrige des que j'ai le temps. Et le temps c'est de l'onient.

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  3. Oui, il y a au moins *un* biologiste moléculaire qui vous lit. :-)

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