mardi 2 juin 2015

Les hominidés, combien d'espèces ? Les humains, combien de races ? L'arc en ciel, combien de couleurs ?

[caption id="attachment_2710" align="aligncenter" width="172"]cliquez pour voir une BD philosophique en anglais cliquez pour voir une BD philosophique en anglais[/caption]

Je suis tombé via Twitter sur un intéressant billet de blog d'un anthropologue (Andy White) qui commente la découverte d'une nouvelle espèce d'hominidé, Australopithecus deyiremeda, en Ethiopie (article dans Nature). Il fait remarquer que l'article en question utilise 17 fois le terme "espèce", mais sans jamais le définir. Or la notion d'espèces est ambigue, et dépend du contexte : type d'études, types d'êtres vivants, etc. (voir billet / podcast "Race, espèce, humanité"). Et dans les étudies de fossiles humains (et aussi de dinosaures d'ailleurs) il y a un prestige particulier à découvrir de nouvelles espèces, encore plus si on arrive à les placer comme ancêtres d'Homo sapiens (homme de Cro Magnon, Angela Merkel, etc).

Pour montrer la difficulté de l'exercice, Andy White a dessiné la figure ci-dessous, qui m'a tellement plue que je fais ce billet de blog pour vous la montrer :

[caption id="attachment_2708" align="aligncenter" width="317"]Figure tirée du billet de blog Andy White Anthropology Figure tirée du billet de blog Andy White Anthropology[/caption]

Si on suppose une seule espèce, avec forcément de la variabilité (pensez à la diversité des humains actuels), si on a juste quelques fossiles on a des chances d'observer des différences apparemment bien séparées et les distinguant, alors que ce ne sont que de petits bouts de la variabilité continue.

C'est très semblable aux arguments que l'on retrouve souvent sur les supposées races humaines (voir ce billet). La variation continue des humains peut apparaître comme formant des groupes bien séparés lorsque l'on étudie que quelques populations distinctes. Or typiquement les données de génomique ne concernent (pour le moment) que quelques échantillons de quelques populations, genre quelques français, quelques chinois, quelques yoruba. Avec ça, on voit des différences qui séparent bien ces groupes. Mais c'est juste parce qu'on a raté la variation continue qui les relie.

En ce qui concerne l'arc en ciel, je laisse la question aux philosophes.

4 commentaires:

  1. Il est super ce parallèle avec l'arc-en-ciel. Cela me fait penser qu'il faudrait y superposer la notion d'arbre phylogénétique. Cela donnerait un arbre dont les branches sont des arc-en-ciel. Si un artiste me lit ...

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  2. […] Je suis tombé via Twitter sur un intéressant billet de blog d’un anthropologue (Andy White) qui commente la découverte d’une nouvelle espèce d’hominidé, Australopithecus deyiremeda, en Ethiopie (article dans Nature).  […]

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  3. Très bon parallèle qui illustre bien le problème.

    C'est l'occasion de rappeler qu'en science on rencontre souvent le problème de frontières floues là où on s'attend à en voir des bien définies.

    www.pourlascience.fr/ewb_pages/e/espace-numerique-detail.php?art_id=19781

    (c'est mal de citer ce journal ?)

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  4. Excellente référence, merci, je ne connaissais pas ce numéro spécial.

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