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Il est à la mode dans certains cercles d'affirmer que le modèle de publication scientifique basé sur l'évaluation par les pairs (peer review) est en crise, à tel point qu'il faut tout jeter. Exemple récent sur le blog Genomes Unzipped. Voir aussi la longue critique de la pratique de la recherche que j'ai discutée précédemment (ici et ici) (et je comptais continuer, mais je n'ai pas trouvé le temps – en tous cas le Lawrence n'aime pas le peer review tel que pratiqué).
Sans entrer dans les détails, je voudrais juste noter ici à quel point cette pratique fait partie de ce que cela signifie, être un scientifique, faire de la science.
A chaque étape, et notamment lorsque l'on écrit ses résultats, l'on a en tête un examinateur sourcilleux et exigeant, prêt à pointer toutes vos erreurs, toutes vos approximations, à remettre en cause tous vos a priori et vos simplifications.
Je sais que d'autres métiers contiennent une part de jugement, mais je voudrais faire remarquer quelques spécificités, qu'il me semble que l'on perdrait en jetant ce système sans avoir trouvé un remplacement adéquat :
- Le processus est symétrique. On n'a pas d'une part des artistes, d'autre part des critiques d'art. Chaque mois je juge des articles, je critique leurs méthodes, leur présentation, leur nouveauté ou leur pertinence. Et quand j'ai un nouveau résultat à communiquer, c'est à mon tour d'être passé sur le gril.
- Pour continuer le contraste avec les artistes, nous autres scientifiques sommes tenus de prendre en compte les critiques. Par défaut, on suppose que la personne qui vous critique a raison, et c'est à vous de modifier vos données, vos arguments, votre analyse ou votre interprétation en conséquence. Parfois l'on peut démontrer que le critique a tort, mais il faut le montrer clairement, et on ne peut que rarement s'en sortir comme ça. Comparez cela à la réaction d'un artiste face à de mauvaises critiques.
- Les critiques elles-mêmes doivent être argumentées. Ca c'est le point le plus faible, et qu'il serait bien en effet d'améliorer : si un rapporteur (celui qui critique) dit des choses méchantes et injustes, il n'y a aucune conséquence pour lui. Au mieux, l'éditeur (celui qui joue le rôle d'arbitre et prend la décision finale) s'en aperçoit et ignore cette critique. Au pire...
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