vendredi 3 juin 2011

C'est grave, professeur ?

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Dans une interview récente au Los Angeles Times (PDF), qui a fait beaucoup de bruit (exemple de "bruit" ici – malheureusement un abonnement est nécessaire), Peter Lawrence, un estimé professeur de Cambridge, juge que "le coeur de la recherche est malade". Je vais discuter certain des problèmes qu'il note, dans plusieurs posts parce que ça prend du temps :

Le processus de publication scientifique vise à accumuler des points plutôt qu'à être lu. Un des résultats est que les publications sont largement illisibles.

Je suis bien d'accord que beaucoup de publications sont illisibles, notamment en biologie moléculaire (exemple dans le post jargon). Une partie du problème je pense sont les règles très strictes sur la longueur des articles dans beaucoup de journaux, notamment les meilleurs. Dans beaucoup de cas cette limitation de longueur suit des critères comptables idiots (exemple de PNAS ici), qui favorisent le sur-emploi des abréviations illisibles.

D'un autre coté, beaucoup de papiers sont trop longs dans leur version initiale, et gagnent beaucoup à être raccourcis. Si d'un coté certains papiers dans les journaux les plus prestigieux comme Science ou Nature sont trop courts pour faire sens, les papiers dans les journaux les moins sélectifs sont souvent beaucoup trop longs. A noter que la plupart des "papiers" dans Nature/Science sont des "lettres" qui contiennent de quoi faire deux articles de taille normale dans un autre journal, donc il y a très forte compression. Voir les instructions aux auteurs de Nature pour les "lettres" ici.

Donc ce qu'il faudrait ça n'est non pas des critères comptables de longueur, mais des instructions aux éditeurs et aux auteurs d'essayer d'être bref en gardant le message essentiel. C'est ce que font dans mon expérience (forcément limitée) les bons journaux de spécialité en génomique, évolution et bioinformatique. Donc c'est possible.

Un autre point soulevé ici est que l'on accorderait trop d'importance à des critères quantitatifs plutôt qu'à la qualité du travail. Alors c'est en partie vrai, et en partie exagéré, à mon avis. Dans mon expérience, on peut être éliminé parce que l'on a trop peu publié, mais on est rarement sélectionné uniquement parce que l'on a beaucoup publié. Bon mon expérience est forcément limitée. Et il y a des dérives. J'ai déjà divisé des résultats en deux papiers, et tout le monde a des blagues sur l'unité minimale publiable. Mais si les résultats contiennent deux messages, il est souvent préférable de les diviser, pour que les papiers soient plus lisbles : un article, une question, une réponse. C'est clair.

Bon je continuerais cette discussion une autre fois. Bee bop euh...

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