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Beaucoup des questions et des remarques portaient en effet sur la façon dont il présentait ses résultats, la terminologie employée, et le manque de rigueur sous-entendu par cette présentation. Il l'a très bien pris ; vu son parcours, il doit avoir l'habitude. Ce qui m'a aussi frappé c'est que les remarques négatives venaient des professeurs les plus seniors, alors que les questions constructives sont venues d'avantage des étudiants. On peut imaginer plusieurs raisons à cela : un étudiant critique n'ose pas parler, un prof si ; les étudiants ne sont venus que s'ils étaient motivés par le sujet, les profs sont venus pour d'autres raisons ; il y a plus d'étudiants, donc plus d'opportunités de questions intéressantes, mais nous les profs voulons toujours parler même si nous n'avons pas de remarque intéressante ; les étudiants intéressés à ces bêtises et manquant de sens critique ne deviendront pas profs ; etc.
Cette expérience se reproduit souvent lorsqu'il y a une discussion interdisciplinaire, et d'autant plus je pense lorsque l'une des parties (ici, les biologistes) se considère comme issu d'une science plus "dure" que l'autre. On peut voir des problèmes similaires souvent lors des discussions entre biologistes et informaticiens, par exemple. Mais je suis optimiste : il me semble qu'il y a plusieurs exemples de disciplines qui sont nées de discussions interdisciplinaires, comme la biochimie ou la génétique moléculaire pour celles que je connais le mieux. Dans ces cas, une vraie valeur ajoutée pour toutes les parties impliquées a émergé de manière claire, et de nouvelles générations de scientifiques ont appris à travailler ensemble et se respecter (un peu comme les physiciens et les psychologues du dessin ci-dessus). J'ai espoir pour la bioinformatique, où j'ai vu en moins de 20 ans un dialogue de sourds devenir une discipline émergente.
Très marrant. Bien sûr, tu sais que je bosse maintenant dans un domaine pluri-disciplinaire, avec notamment des ingénieurs informaticiens ou réseaux, des docteurs en sémantique ou réseaux, des psychologues cognitifs (ou ergonomes mais faut pas l'dire), des psychologues d'autres disciplines, et même un sociologue ou deux qui traînent leurs guêtres par là.
RépondreSupprimerPremière question : est-ce que l'intérêt pour un domaine autre est un symptôme de Peter?
Je précise que je ne dis pas ça ironiquement, et que bien sûr je ne prétends pas qu'un symptôme suffit à identifier une maladie... mais à la lumière de ce que tu dis et de mon expérience, ça résonne quelque part. Food for thought, comme je dis en bon français.
Un des trucs qui me semble probant, c'est que la pluri-disciplinarité favorise la créativité. Or la créativité peut être constructive mais aussi source de dispersion, donc il faut peut-être simplement user de l'un comme de l'autre, à bon escient.
Est-ce que la pluri-disciplinarité favorise l'innovation ? Aha, bonne question... :-)
La pluridisciplinarité symptome de Peter ? C'est sûr qu'on peut préférer le pluridisciplinaire parce que l'on n'est vraiment bon dans aucune discipline. Mais alors il faut être bon dans des compétences plus difficile à définir mais importantes, capacité à entrer dans de nouveaux domaines, à jongler avec les jargons, à repérer l'essentiel de l'accessoire dans un domaine que l'on ne maîtrise pas. L'expérience montre que ça n'est pas évident.
RépondreSupprimerIl me semble que la pluri-disciplinarité ne doit pas être une fin, mais un moyen dans les cas bien identifiés où il y en a besoin. Ca c'est au niveau des projets bien sûr. Au niveau individuel, on a le droit de préférer la pluri-disciplinarité, et donc de choisir des projets pour lesquels cela se justifie.